Quelques mois sans blog... Trop de travail par ailleurs... Et puis un long travail sur le projet de loi pénalisant le génocide arménien, pour les amis de communautarisme.net. J’étais presque satisfait d’une posture où j’aurais pu me contenter d’un travail de fond sans plus écrire d’articles énervés. Bref, j’étais à deux doigts de débrancher ce blog, quand tout à coup, je sursaute en lisant une interview de Christine Angot. Tant que cette brave fille névrosée se contentait de pissoter ses petites douleurs personnelles dans ses bouquins que je ne lis pas et de les ressasser dans les interviews d’une télé que je ne regarde pas, ça m’en touchait une sans faire bouger l’autre comme dit le Président de la République. Mais quand je suis tombé sur une interview de Libé où elle donnait son avis sur l’affaire Günter Grass, mon sang n’a fait qu’un tour. Sans revenir sur le fond de l’affaire (peut-on lui reprocher son enrôlement ?) et sur ses corollaires (a-t-il voulu se faire un coup de pub ?), il faut se pencher avec un regard clinique sur l’avis de Mme Angot à propos de l’Allemagne. Extrait : « J’adore cette histoire[sic]. Parce que les Allemands sont verts de rage, et ils n’assument pas leur honte, pauvres Allemands, ils avaient un prix Nobel, ce prix Nobel a été nazi. Et ils ne le supportent pas. » On touche déjà là le fond de l’ignorance de la dame sur le simple sujet de la polémique Grass : un brin de documentation lui aurait permis de constater que personne en Allemagne ne s’est élevé pour défendre Grass en tant qu’allemand. Tout au plus ses soutiens ont noté l’énorme travail critique que celui-ci a mené envers son propre pays.
« Je trouve ça lamentable. Je n’ai rien à dire sur Günter Grass [1], mais j’ai quelque chose à dire sur l’Allemagne [re-sic] qui ne veut pas entendre parler de son passé. Ils ne veulent pas. Ils sont convaincus qu’ils ont tout bien fait, qu’ils ont fait leur examen de conscience. Ils veulent recommencer à zéro, faire comme si ça n’avait pas existé, comme si le fait qu’il y ait des nouvelles générations faisait qu’il n’y en avait pas eu d’anciennes. »
A vrai dire, je me demande même si ça vaut la peine de commenter des paroles d’une telle ineptie. Dire que l’Allemagne ne veut pas entendre parler de son passé est un total contresens, puisque le pays peine justement à s’inventer un avenir en dépit de la culpabilité. La profusion de productions artistiques ou mémorielles suffit à contredire celle dont la vue semble s’arrêter à la limite du périphérique parisien. La théorie du retour à zéro est complètement sotte pour de multiples raisons, mais il en est une qui est suffisante seule : les travaux d’historiens allemands sur le nazisme sont considérables en nombre et qualitativement essentiels.
Bref, cette femme, qui nous abreuve de ses petites douleurs intimes et parisianistes, devrait s’abstenir de s’exprimer sur des sujets auxquels elle ne comprend rien. Quand elle affirme : « En vrai, la passion des gens, c’est les bourreaux. Qu’a ressenti la victime, ça ne les intéresse pas, il y a des psys pour ça. » elle se trompe un nouvelle fois, aveuglée par son cas personnel. Parce que la victime n’est effectivement pas intéressante si son seul but est de prendre en otage son auditoire. En fait, une fois de plus, Christine Angot parle d’elle, et d’elle seulement. Elle connaît très bien les rouages de la stratégie victimaire qui lui font parfois à écrire des livres dont le sujet est une réponse aux attaques sur son livre précédent. Alors si on en revient à votre cas personnel, madame Angot, puisque l’Allemagne n’est qu’un prétexte, je pense qu’effectivement, étant donné que vos livres n’ont pas pour but d’apporter quelque chose à la communauté humaine, un psy suffirait sûrement pour votre histoire d’inceste ; aussi douloureuse soit-elle, votre histoire personnelle, je m’en fous.
[1] Effectivement, elle ne semble pas connaître la teneur du travail de G.G.
sur Günter Grass lire le dossier de La Gazette de Berlin :
http://www.lagazettedeberlin.de/3131.0.html