C’est amusant de constater comment un événement important, même heureux, peut faire apparaître les limites du système de l’information. On en a eu la preuve avec la libération de Florence Aubenas. Une fois de plus, l’info s’est mise en bou(c)le d’un seul coup, et l’on n’a plus parlé que de ça. Il est vrai que cet événement qui a passionné les français méritait un vrai coup de projecteur. Mais là où ça devient gênant, c’est quand la place réservée à l’événement dépasse ce qu’on a à en dire. L’info devient à ce moment-là un moulin qui tourne à vide, répétant en boucle les mêmes informations : les flash spéciaux qui se succèdent se justifient uniquement par l’agitation que génère l’événement, plus du tout par les infos que l’on a réellement. C’est le recours à l’émotionnel dont se servent abondamment les américains pour empêcher les spectateurs de réfléchir. Alors que dans un système responsable, on donnerait les infos qu’on a, en laissant ensuite les gens à leurs réflexions.
Florence Aubenas elle-même s’est rappelée qu’elle était journaliste avant tout, et membre du clan médiatique dominant : elle a donné du grain à moudre aux journalistes, se montrant d’emblée très loquace (mais en même temps, elle était épuisée !), en attendant une conférence de presse prévue qu’elle a elle-même annoncée pour ce mardi. Si je compare aux (rares) images ayant entouré le retour de Giulana Sgrena, journaliste alternative, ça fait réfléchir. Bref, comme d’habitude, un événement qui mérite en soi l’attention a très vite provoqué chez moi une sensation d’écoeurement.
En plus de cette information soudainement monotache, qui en oublie ce qui se passe dans le reste du monde (même en Irak), et en oublie de réfléchir, on a l’inévitable ballet des rapaces qui veulent en avoir leur part. Citons par exemple François Hollande, qui siffle la fin de la paix romaine en exigeant la vérité sur une rançon supposée. Dans un sens, il a raison tant le mensonge de l’Etat paraît patent ; mais en même temps, les arrières-pensées du bonhomme sont tellement visibles qu’on en vient à penser que cette libération est une aubaine pour tous les « perdants » du référendum (Hollande, July, Colombani, ...). Tenez, je vous fiche mon billet que l’édito de Val demain portera sur Florence Aubenas...