Pauvre Azouz Begag. Ca ne doit pas être facile d’être ministre dans le même gouvernement que Nicolas Sarkozy, surtout quand on est arabe et diplômé !
Ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant, c’est la virulence avec laquelle le ministre a été attaqué par les dogues du ministre de l’intérieur (Mariani, Marleix, Goujon : on attend Devedjian et Hortefeux). Et tout ça pour quel crime ? En sociologue reconnu, il a tout simplement relevé que la « sémantique guerrière, imprécise » employée par le ministre de l’intérieur est tout à fait inadaptée aux banlieues en feu. Comme sont inadaptées les virées démonstratives chez les pauvres, avec force micros et caméras. Azouz Begag a simplement relevé que le comportement du pompier pyromane produit toujours les mêmes effets (on a encore le souvenir de la promenade de santé de Sharon sur l’esplanade des mosquées, avec les brillants résultats que l’on sait).
Bref, le ministre a parlé de délicatesse, de tact, de choses qui devraient être dans l’ABC de l’homme politique qui se mêle du ddestin des populations les plus défavorisées. Or, il n’a été question dans les réactions des affidés du petit Nicolas que de manquement à la fameuse « solidarité gouvernementale », d’appel à la démission, un de ceux-là posant carrément la question : « Begag soutient-il la racaille » ?
Ces réactions, au delà de l’évident mépris à l’égard des populations concernées, montre aussi à quel point tout est récupéré et analysé en terme de rivalité politique (« il a du agir sur ordre »), sans lien avec la réalité du terrain. Et c’est là que le bât blesse : la politique de Sarkozy, comme celle de Villepin d’ailleurs, s’effectue au mépris du « terrain », et les nombreuses visites médiatisées chez les pauvres n’en est paradoxalement qu’une confirmation.
Si un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne, je n’ai qu’un conseil à donner à Azouz Begag : quittez cette bande d’emplâtres, et prenez le maquis, c’est une place plus convenable pour un sociologue qui veut rester indépendant.