C’est sûr, Zacarias Moussaoui à la tête de l’emploi : la tête du psychopathe fou de Dieu qui en veut aux Etats-Unis, à l’impérialisme, à la terre entière. Bref, une bonne tête de coupable. A un détail près : il n’est coupable d’aucun acte terroriste concret, mais seulement d’actes potentiels. Et pourtant, au pays de l’oncle Sam, il risque la peine de mort. Sans s’étendre sur le caractère indéfendable en soi de la peine de mort, on notera simplement qu’on fait endosser à ce pauvre type [1] un costume trop grand pour lui, que ça soit en lui collant une fonction de pilote présumé pour le 11 septembre ou en le caractérisant comme chef de groupe. Ca me rappelle le procès Eichmann : si les actes du bonhomme étaient prouvés et ne faisaient aucun doute, il fallait pour les besoins de la cause lui coller une personnalité de monstre sanguinaire mu par un antisémitisme fanatique. Or, on sait depuis le début (cf. Hannah Arendt) qu’il n’en était rien, que c’est sa trop grande normalité qui en faisait un monstre ; mais quand l’idéologie se mêle à la justice, le prévenu devient une icône, un symbole, ce qui le prive ontologiquement des droits fondamentaux dévolus aux êtres humains.
Zacarias Moussaoui va peut-être devenir le premier prisonnier américain de cette « croisade contre l’axe du mal » à être condamné pour les attentats qu’il aurait pu commettre, en « légitime vengeance » de ceux qui ont été commis. Et comme dirait le procureur du procès Eichmann, « c’est pour cette raison, et cette raison seule, que vous devez être pendu ».
[1] L’état français pourrait d’ailleurs se montrer un peu plus actif, vu la part de responsabilité que porte la République dans la perdition de Moussaoui et de ses comparses. Mais bon, je sais que ce point de vue n’est pas sarkozystement correct