On finit par se demander où se situe la frontière entre ce qui relève du spectacle et la vraie vie ; on en vient même à se demander si elle existe. Serge Halimi, dans son analyse du monde diplomatique de ce mois, n’est pas très optimiste sur ce point.
Sur la constitution européenne, entre show-biz et pol-biz, les frontières paraissent floues.
Jean-Pierre Raffarin vient encore de nous en donner une nouvelle preuve : « Je suis au travail, mais pas accroché au pouvoir ». Encore une fois, c’était parti pour une « raffarasade » d’autocélébration sur le thème « ce n’est pas moi qui compte, c’est la France ». Et évidemment, il nous a parlé de ses pensées sur son lit d’hôpital : forcément, amputé de l’appareil à fabriquer la bile, notre premier ministre, empli d’une sagesse toute neuve, n’a pas pensé à lui. « Depuis son lit d’hôpital », Il a pensé « à la France, cette France, cette France européenne, et blablabla... ». Se posant une fois de plus en victime sacrificielle, il nous dit combien, dans l’épreuve ultime (hum !), lui sont apparues les valeurs essentielles, c’est-à-dire ce oui, seul capable d’éviter une catastrophe pour la France et l’Europe.
Moi, personnellement, humble petit citoyen égoïste et pas prêt du tout à me sacrifier ni à sacrifier l’avenir de mes enfants, je souhaiterais simplement que notre encore premier ministre cesse de parler de la politique, intérieure et extérieure, à travers sa petite personne pour entrer à nouveau dans l’action : ou alors qu’on nous dise que JPR n’est plus qu’un personnage de télé-réalité, qu’on le mette en couverture de voici, Gala, Public et Télé 7 jours pour nous tenir informé de sa situation. Mais dans ce cas, étant donné que le champ politique est occupé à droite comme à gauche par des guerres de successions, qui dirige le pays ?