Un temps lourd est synonyme d’orage à venir. Mais parfois, c’est un peu long à venir. Alors pendant qu’on subit les affres de cette chaleur, parfumée à l’ozone pour les plus citadins, on constate deux attitudes opposées : la torpeur ou l’énervement. Moi j’ai « choisi », si j’ose dire, la torpeur ; non pas que j’aie cessé toute activité, parce que « la glande » demande des ressources financières que je n’ai pas. Mais c’est vrai que dans certains moments où le régime baisse, je me sens confusément appartenir à cette classe de français que Nicolas Sarkozy entend « remettre au travail ». Notre exemplaire ministre multicarte, lui, a choisi, vous l’avez constaté, l’attitude inverse. Parce qu’il faut être une pelote de nerfs pour parvenir à une telle omniprésence survoltée. En une semaine, il a d’abord promis le Karcher aux déchets habitant la cité des 4000 (vous allez dire que c’est une obsession, mais lisez absolument « Punir les pauvres » de Loïc Wacquant, tout le sarkozisme est dedans) ; puis il a promis que le magistrat responsable de la remise en liberté du meurtrier de Nelly Cremel « devrait payer pour sa faute » : s’il se mêle de la justice, c’est probablement parce que son collègue de la justice a choisi l’option torpeur... On n’a encore rien entendu à propos du crime passionnel à la fac d’Orléans : va-t-il passer le campus au Karcher, ou faire payer le responsable ? Peu importe qu’il n’y ait eu aucune défaillance de l’administration dans ce dernier cas, quand on veut un bouc émissaire, on le trouve. Profiter de l’émotion pour faire passer tranquillement ses idées et les mesures qui vont avec, c’est un concept que Nicolas Sarkozy a emprunté aux américains. Et ça vaut bien le gouvernement par ordonnance de son ami Villepin.
En tous cas, ce survoltage du super-ministre ne me dit rien qui vaille : vivement que ça pète (je parle de l’orage, bien sûr :-)), peut-être que ça le calmera !