Il n’a échappé à personne que monsieur Patrick "ancien ratonneur d’Occident" Devedjian a pété les plombs devant une caméra, traitant aimablement la centriste Anne-Marie Comparini de salope. De ce fait mineur (on savait bien que le respect de l’autre n’était pas le fort du Maire d’Antony), on peut observer plusieurs choses toutes aussi regrettables :
La réaction de l’intéressé : il fait ses excuses les plus plates (c’est bien le moins), tout en assurant Anne-Marie Comparini de "son plus grand respect". Ca en dit long sur la notion de respect de la femme chez cet homme et ses comparses.
La réaction du Président de la République : Sarko, dans un grand moment d’hypocrisie, a condamné fermement (fonction oblige), mais en croyant bon d’ajouter que "ce n’est pas une façon de parler à une femme". Les lecteurs du Canard Enchaîné apprécieront la tartuferie de cet homme réputé pour sa grossièreté à l’égard des autres, pas seulement les femmes il est vrai.
La réaction de certaines personnes à droite, qui se sont sentis autorisées à trouver des circonstances atténuantes à cet ancien facho, sous prétexte que c’était un entretien prétendument privé ; P.D (tiens marrant d’avoir ces initiales pour un homophobe tel que Devedjian) est pourtant rompu à l’exercice médiatique, ce qui n’était pas forcément le cas de Rachida Dati quand elle a commis sa gaffe sur le désormais célèbre « ministère de l’intégration à coup de Karcher ». Miss humour au quatrième degré a d’ailleurs été de celles qui, à droite, ont eu les mots les plus durs avec Devedjian.
En fait, ce qui m’attriste le plus, c’est de voir que l’avenir de la politique est assurément entre les mains de personnalités de ce genre, avançant volontiers dans le mépris des autres, qu’ils ne dédaignent pas à briser si l’occasion se présente. J’ai l’impression de ne plus voir dans le paysage politique que deux sortes de politicards : les tyrans et les lavettes (Maurice Leroy, si tu nous entends...).
Je m’étais promis de ne rien écrire sur ce malheureux incident qui ne relève que d’une médiocrité déjà connue ; Mais Michel Rocard a fait aujourd’hui une hémorragie cérébrale, le pronostic des médecins est à cette heure plutôt réservé. Sans idéaliser l’homme, je dois bien admettre que c’est un de ceux qui m’ont fait aimer la politique. Ce n’est certes pas à ce vieux singes revanchard qu’on apprend à faire des grimaces, mais force est de constater qu’à côté de petites frappes agressives de la trempe de Devedjian et Sarkozy ou de sous-préfets psychorigides aigris du type Fillon, Rocard symbolise une autre manière de faire de la politique, basée sur une intelligence aigüe et un refus absolu de la frime. Et même si je ne partage pas ses positions socio-liberales, j’en pince pour l’homme, et je trouverais vraiment trop injuste qu’il passe l’arme à gauche avant Raymond Barre : ce serait pour moi un signe évident que la connerie et la méchanceté conservent mieux que l’intelligence.