Donc selon notre général des armées, la France a commis une faute parce que la colonisation est une faute. Première minoration : la France c’est pas toute seule, y a pas que nous qui avons profité, pillé, dénaturé... Si Sarkozy énonce vite fait en passant les méfaits génériques de la colonisation, c’est pour mieux disculper la France sur les conséquences actuelles de la colonisation. A l’en croire, l’Afrique est responsable de ses troubles actuels : la corruption, les dictateurs, le refus du progrès... On croirait le reproche fait aux rmistes qui dorment dans la rue de ne rien faire pour s’en sortir. Sarko fait comme si la corruption et l’installation des dictateurs n’avait rien à voir, par exemple, avec le combat pour l’hégémonie des groupes pétroliers français.
Pour résumer, notre président fait en Afrique comme en France : il dit une chose pour masquer son contraire, et stigmatise le faible abstrait (l’africain de base qui doit se bouger les fesses s’il veut le progrès) pour mieux conforter les puissants corrompus. D’ailleurs, quand il parle de corruption, on dirait que ça concerne tout le monde sauf ses puissants hôtes. Il dit vouloir en finir avec la Françafrique tout en rendant les visites obligatoires aux dictateurs installés par ses prédécesseurs ; il prétend moderniser tout en pérennisant le mode de relations existantes. C’est presque aussi fort que de dire que la libération des infirmières n’a rien à voir avec une négociation avec Khadaffi sur le nucléaire civil.
On pourrait rire (jaune) d’une pareille distorsion entre parlote et action, comme on l’a fait pour Chirac pendant douze ans, si on ne craignait qu’avec Sarkozy, la parlote se double d’actes aux conséquences dramatiques. Putain, cinq ans ! Cons de socialistes...