Un peu plus tôt, j’avais aperçu sur la une de Paris Match (je sais, j’ai un peu les yeux attirés par la merde, mais bon...) : Carole Richert, comédienne et épouse de Daniel Rialet, comédien décédé brutalement il y a une semaine à peine, propose déjà de parler aux lecteurs de leurs « dix-huit années d’amour fou ». Je passe rapidement sur le fait que j’aimais beaucoup cet acteur, juste pour les huits minutes de bonheur d’Omnibus, génial court-métrage de Sam Karmann. Ce qui m’interpelle, c’est cette capacité des stars à venir témoigner à chaud de leur douleur, là où le vulgus pecum a plutôt tendance à s’enrouler un temps dans l’affection des proches. Je me souviens du titre de la couverture de Match au moment de la mort de la fille de Roland Giraud : l’acteur y disait que « la douleur est indicible », ce qui me semble présenter une contradiction avec le fait de le dire tout haut dans un journal moins de huit jours après les faits. Que veut donc dire ce réflexe des célébrités qui affichent joies et douleurs dans les journaux ? Ont-ils besoin de lire leur vie dans les journaux pour savoir qu’elle est vraie ?
Mais revenons à Actualité Juive Hebdo. Aucun rapport avec cette déviance propre au show-bizness, me direz-vous. Et bien je n’en suis pas si sûr : au fond, si l’on expose à outrance le symbole malgré lui de l’antisémitisme, c’est un peu dans le même but : les termes employés (« notre enfant ») accolés à la notion de barbarie antisémite sont propre à faire pleurer dans les chaumières et à créer ou entretenir dans le même temps un sentiment de peur au sein de la communauté ainsi rassemblée par le drame. Quitte à choquer, je m’excuse de dire que cela me semble tenir d’une catharsis un peu merdeuse qui ne laisse aucune place à la réflexion. Or, on ne combat aucune forme de racisme avec l’émotion. L’indignation ne vaut que si elle débouche sur une réflexion sensée et mesurée. Du moins si la réflexion des rédacteurs de ce journal se place dans le cadre républicain. Mais je crains que ce genre de titres (j’avoue, je ne suis pas allé acheter le journal, la lecture du Figaro en ligne est pour moi un masochisme suffisant) n’ait pas d’autre volonté que de créer chez ses lecteurs cette identification maladive à Israël, soi-disant seul endroit sur terre où les juifs sont en sécurité.
Bon allez, j’arrête de râler. Mais j’ai beau faire, je n’arrive pas à me consoler du fait que certains juifs soient cons comme des ogres.
Mon cher JD, ne nous méprenons pas et mettons bien les choses au clair (cela est nécessaire lorsqu’on s’exprime sur un terrain aussi glissant que celui-ci).
La déception que j’exprime (maladroitement je m’en rends compte) ne signifie pas qu’avant l’affaire Halimi, je pensais les juifs ontologiquement au dessus de la connerie humaine (il faudrait être aveugle, sourd et ignorant de l’actualité internationale). D’ailleurs, je ne voulais parler que des petites minorités dogmatiques, dont certaines comme la LDJ bénéficient d’un laxisme intolérable venant de l’Etat. A ce titre, quand je parle de ces « cons d’ogres », que je ne parviens pas à appeler autrement malgré tout mes efforts, je ne parle que d’un groupuscule qui joue à se prétendre nombreux et représentatifs. Et ce groupuscule, au même titre que certaines instances communautaires juives, est constitué d’agitateurs irresponsables qui pénalisent tout ceux qu’ils appellent leurs frères et qu’ils foutent dans la m.... par leurs agissements.
Alors oui, ces groupuscules de tout bords, je les abhorre (rime !), et je pisse sur la compétition mémorielle.