La politique est-elle définitivement devenue un territoire « people » ? On peut légitimement se le demander en constatant le traitement que nos médias les plus sérieux consacrent au petit « incident cardio-vasculaire » du Président. Il y a sur ce petit événement trois angles d’attaque, un défilé et deux questions, qui permettent de passionner les foules :
La longue liste des ténors de la majorité et de l’opposition qui en rajoutent dans la volonté d’être digne et de respecter l’épreuve sans en faire un enjeu politique. A ce jeu là, les socialistes sont excellents.
Quel est exactement la nature et la gravité de l’incident ? Mystère... (donc audience)
Quelle influence cela a-t-il sur la petite guéguerre Sarkozy-Villepin ? Et sur la présidentielle ?
Et ce qui est bien, c’est que l’on peut éventuellement croiser les sujets « people », par exemple mettre en parallèle l’énervement de Sarko pour cause de non-information avec sa fragilité récurrente depuis que ses cornes ont poussé... Un mot sur les témoignages soit-disant dignes des socialistes : la véritable dignité aurait consisté à fermer sa gueule, parce que là, la dignité donne envie d’être indigne.
Cela dit, l’envie d’être indigne et méchant avec notre supermenteur du Val de Grâce est augmentée par les effets de la politique de son gouvernement. Parce que pendant que Chirac tourne de l’oeil, des noirs avec ou sans papiers dérouillent en se faisant déloger par les flics de Sarkozy, au mépris d’accords préexistants. Cette inégalité entre noirs et blancs n’est pas, malheureuse coïncidence, sans rappeler la Nouvelle-Orléans.
Comme quoi mieux vaut s’étouffer avec un bretzel ou faire un petit « incident cardio-vasculaire » quand on est blanc (et Président) que d’être pris dans un typhon ou dans une colonne de CRS quand on est noir...