Chaque jour amène son lot de démonstration de la pitoyable faiblesse du pouvoir politique. J’avais été étonné, presque agrablement surpris, d’entendre le premier ministre exiger du groupe Hewlett-Packard le remboursement des aides perçues. Je n’étais certes pas dupe, la vocation sociale de Monsieur Galouzeau De Villepin me paraissant plus que douteuse. Mais bon, puisqu’il le dit, wait and see...
Il n’a pas fallu de 24 heures pour que DDV déclare qu’il en était en réalité au « stade de la réflexion » sur le sujet. Et voilà, retour du « ballon d’essai ». La reculade déguisée n’a pas tardé à être étayée par notre ambitieux premier ministre : Certes, « les subventions versées aux entreprises sont destinées à les aider dans leur stratégie internationales et nationales , a-t-il dit. Elles ne peuvent pas empocher les aides pour aller mettre la clé sous la porte et aller se développer ailleurs. C’est une question de patriotisme économique » (on ne rit pas devant ce terme de patriotisme économique !). Mais notre ambitieux et téméraire guide s’est aussi dit « très soucieux de ne pas ajouter de réglementations inutiles (...) Il ne s’agit pas d’avoir au bout du compte des barrières qui seraient dissuasives pour les investisseurs étrangers comme pour les investisseurs français ».
Et bien moi je dis que si c’est pour en arriver là, mon cher monsieur de Villepin, vous auriez mieux fait de partir en week-end pour écrire des poèmes. Parce que le seul résultat de votre sortie, outre le fait de détendre les boyaux et les zygomatiques des actionnaires de HP, a été de permettre à vos adversaires - pardon vos amis - sarkozyste de vous tirer dessus à boulets rouge, tel L’aigrefin Fillon : « Hewlett-Packard a reçu des aides pour atteindre des objectifs en matière d’emplois. Ces objectifs ont été atteints (...) On ne peut pas demander à une entreprise, dont les carnets de commande excèdent rarement quelques mois, de s’engager sur des années ».
En somme, vous avez permis en faisant dans le social de renforcer les libéraux. Deux solutions :
Soit vous êtes en fait un sous-marin de Sarkozy, et dans ce cas vous êtes très fort.
Deuxième possibilité : vous étiez sincère. Dans ce cas, si vous voulez aider les salariés, faites comme Raffarin sur la fin : taisez-vous !