C’est à de petits signes qu’on voit que l’époque et l’action politique manquent de grandeur. Jacques Chirac, prenant acte de la décision du Conseil constitutionnel, s’apprête à promulguer la loi sur l’égalité des chances, ne tenant aucun compte de la mobilisation de ces dernières semaines. C’est son droit le plus strict, il est ainsi dans son rôle. Mais notre menteur perpétuel, incapable d’assûmer toute l’iniquité de son acte, rajoute la perspective d’un
Grenelle social. Et c’est là que ça devient agaçant. Parce que c’est devenu un T.O.C. de la communication politique de récupérer le nom d’un événement clé de l’histoire pour le relier à la crise du moment : on a eu le
plan marshall des banlieues, on aura le
Grenelle social. Le problème, c’est que cette tentative pour donner une grandeur artificielle à la résolution d’un conflit débouche toujours, une fois l’effet d’annonce passé, sur le dégonflement de la baudruche. On pourra se souvenir à gauche du fameux
troisième tour social en 2002, qui servait surtout à faire passer la douleur d’avoir à voter Chirac (ce dont je me suis abstenu). Dans tous les cas cités ci-avant, ce procédé dialectique tient du vaselinage en règle. Etant entendu que
les accords de Grenelle n’ont arrêté le mouvement de Mai 68 que dans la mesure où le contenu en était fixé (augmentation du smig et des salires, ...), il serait opportun d’adresser à M. Chirac et au gouvernement une fin de non-recevoir, en nous montrant ce qu’il y a dans son soi-disant Grenelle AVANT de cesser toute mobilisation.