Il m’est revenu en tête un point qui décrit bien la logique de l’Europe telle qu’elle se construit : vous vous souvenez sûrement de ce qu’on a appelé « les critères de convergence » ? Il s’agissait pour tous les pays, de réduire, ou contenir suivant les cas, les déficits publics à hauteur de 3% du P.I.B. C’est un des dispositifs qui doivent permettre aux états membres de "converger". L’idée est plutôt séduisante : dans la vie, c’est en se fixant des objectifs qu’on avance. Seulement voilà : quelle disposition est prévue pour les Etats qui ne peuvent ou ne veulent y arriver ? Des amendes, d’un montant colossal, qui frappe les pays qui récalcitrent. En somme, c’est une sorte de « double peine » : ceux qui ne parviennent pas à réduire leurs déficits en seront quitte pour une aggravation de ces mêmes déficits, du fait des amendes.
Cette méthode a un avantage : elle permet à nos gouvernants de justifier les mesures les plus antisociales permettant de réaliser des économies. « C’est pas moi, c’est l’Europe ! Sinon, la situation sera encore plus grave ! » C’est drôle, ce chantage à la peur, je l’ai déjà entendu quelque part...
Deuxième avantage, côté Union : l’Europe veut des pays alignés, peu importe la manière dont le résultat est obtenu : après tout, il sera toujours temps de voter des mesurettes sociales plus tard.
Revenons à aujourd’hui : notre ami le TCE. Qu’en est-t-il dans ce projet de constitution des déficits publics ? C’est bien simple, ils seront purement et simplement interdits ! Accrochez-vous bien, citoyens : vous étiez choqué par la casse sociale mise en place par la droite ? Quand il faudra passer de force de 3% à 0%, ça va saigner jusque dans les classes moyennes...
Et dire que c’est comme ça que l’on veut « concurrencer » les Etats-Unis et la Chine. Remarquez, à chaque adversaire sa mesure : les déficits pour contrer les Etats-Unis (qui font les déficits qu’ils veulent) ; Bolkestein pour contrer la Chine, pour qui les droits de l’homme (je ne parle même pas du droit du travail) sont un concept exotique. C’est ce que les ouistes de haut vol appellent tirer l’Europe vers le haut !