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Ce sont les étrangers qui foutent le bordel...
vendredi 22 septembre
« Il faut revenir à cette vérité première du fascisme : ce sont les étrangers qui foutent le bordel. Et comme c’est le bordel qui les produits en tant qu’ils le foutent, nous comprenons à l’évidence que la substance de l’anti-bordel, si elle existait, serait au contraire le non-bougnoul ou à la (...)
 
Sur le Web : Charlie en justice
Face de Cuk
lundi 10 avril
« "l’islam est le terreau de l’islamisme et l’islamisme est le terreau du terrorisme". Cela ne me paraît pas raciste par nature ».
La citation est de De Villiers, le commentaire de l’inévitable Cukierman, Président du CRIF. Décidément, avec Cukierman, on n’est jamais déçu. L’homme qui amalgame (...)
 
La reconstitution privée
jeudi 9 mars
On n’arrête pas le progrès : la famille de Chaib Zehaf, tué à la sortie d’un bar à Oullins, a décidé de s’negouffrer dans la thèse du crime raciste. Fort bien, mais leurs moyens de défendre cette thèse ne passe pas par la justice : ils vont procéder à une reconstitution privée pour établir (...)
 
Dieudonné acquitté !
mercredi 7 septembre
Ah tout de même ! Dieudonné a finalement été acquitté par la Cour d’Appel de Paris. A n’en pas douter, c’est une bonne décision : Dieudonné estime maintenant qu’il est passé à autre chose puisqu’il s’attaque maintenant à la laïcité. Il espère simplement pouvoir continuer à faire son métier : (...)
 
Sur le Web : La relaxe par Libé
Malek Boutih : on a les compliments qu’on mérite...
dimanche 22 mai
Malek Boutih, ancien président de Sos Racisme, a été durant son mandat à l’origine d’initiatives heureuses telles que le « testing ». Maintenant qu’il est devenu membre du bureau national du PS, on pouvait s’attendre à ce qu’il apporte à la maison rose un vent de fraîcheur, voire d’audace sur les (...)
 
Qui veut pénaliser la négation du génocide arménien et qui s’y oppose ?
vendredi 22 septembre 2006
par Pierre-Jérôme Adjedj
popularité : 69%
Le 12 avril 2006, le Parti Socialiste a déposé une proposition de loi visant à créer un délit pénal concernant la négation du génocide arménien. Cette nouvelle proposition qui a pour but d’encadrer les discours relatifs aux événements historiques s’inscrit dans un contexte polémique sur le principe des lois mémorielles, et est survenu peu de temps après le débat sur « le rôle positif de la colonisation ». Simple hasard de calendrier ou effet d’aspiration dans une période dominée par le débat sur les lois mémorielles et par des revendications communautaires ? Après la confusion qui a entouré la présentation de la loi à l’assemblée et son report à l’automne, un regard un peu distancié permet de se rendre compte qu’on est loin d’un simple combat des pieux défenseurs de la mémoire contre les vilains négationnistes ; de même l’image d’un peuple arménien dont la mémoire est sacrifiée aux appétits économiques et politiques en direction de la Turquie mérite d’être nuancée. Pierre-Jérôme Adjedj dresse ici une monographie précise des forces en présence et de leurs stratégies politiques.

Bref rappel

Premier épisode parlementaire : le 29 mai 1998, un projet de loi socialiste propose, par une unique phrase, la reconnaissance du génocide arménien. « La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915 ». Presque trois ans passent avant que cette proposition ne devienne officiellement une loi de la République, le 29 janvier 2001. Une loi à portée déclarative, sans conséquence directe en terme de droit pénal. C’est ce que certains considéraient comme un vide, voire une inégalité qui a incité le Parti Socialiste à déposer, le26 novembre 2003, un projet d’amendement visant à donner au génocide arménien le même statut que la Shoah face au négationnisme. Il s’agissait en somme de s’aligner sur la loi Gayssot [1], qui réprime non seulement l’apologie, mais aussi la négation de la Shoah. Or, le projet fut repoussé par le garde des sceaux de l’époque, Dominique Perben, au motif que la législation existante était suffisante [2]. Trois ans plus tard, dans la foulée de manifestations pro-turques en marge de l’inauguration du mémorial arménien de Lyon, le projet ressurgit : le 12 avril 2006, le parti socialiste dépose un projet de loi sous la forme d’un complément à la loi du 29 janvier 2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien. Dans les faits, l’article 2 ajouté à la loi de 2001 renvoie à la loi Gayssot, en alignant les sanctions pénales de la négation du génocide arménien sur celles de la loi Gayssot. Le projet de loi a finalement été présenté à l’assemblée le 18 mai 2006, dans des conditions qui prêtent à discussion, voire à polémique voir le compte-rendu sur le site de l’Observatoire du communautarisme. Le report de l’examen, et donc du vote de cette loi au plus tôt à l’automne pose la question du contexte dans lequel elle a été proposée.

Le contexte des lois mémorielles

Si l’on en croit Christophe Masse, rapporteur de la commission des lois, le texte est motivé par les événements « de nature négationniste » qui ont entouré l’inauguration du mémorial du génocide arménien à Lyon. Il s’agirait donc, vu la rapidité du temps de réaction, d’une réponse émotionnelle, dont on comprend sur ce point qu’elle irrite de nombreux historiens, ontologiquement demandeurs de temps [3]. On peut aussi penser qu’il y a là un effet d’opportunité dans un contexte tendu lié aux lois mémorielles en tout genre, et notamment « l’effet positif de la colonisation ». Alors que l’on parle d’une concurrence, voire d’une guerre des mémoires, il n’est pas étonnant de voir telle ou telle communauté profiter d’un « effet d’aspiration » pour glisser ses propres revendications, surtout à un an d’un scrutin présidentiel. L’opportunité est d’autant plus belle pour la communauté arménienne : 2007 sera en France l’année de l’Arménie (cela commence en réalité le 21 septembre 2006). Mais une observation plus poussée montre également que l’activisme autour du génocide arménien ne date pas d’hier et dispose de son propre calendrier. Jusqu’à un certain point, on pourrait retrouver des caractéristiques communes avec ce qu’on a appelé entre 2000 et 2005 la « nouvelle judéophobie » [4] : on a constaté alors une certaine collusion, ou à tout le moins une confusion entre les incidents sur le sol français, et la défense des intérêts d’Israël. Mettre en doute la politique d’Israël et/ou le sionisme était immédiatement assimilé à de l’antisémitisme. Mais la comparaison s’arrête à cet entrechoquement certain entre reconnaissance du génocide arménien, devenir des relations franco-turques et gestion des communautarismes sur le territoire français. En effet, à la différence de la Shoah ou de l’esclavage, l’accomplissement du génocide arménien n’implique pas la responsabilité de l’Etat français, convoqué ici comme simple témoin de moralité, au même titre que d’autres pays. On le verra en examinant le rôle des différentes associations arméniennes, le travail mené en France connaît un équivalent au niveau de l’U.E. et à l’international, le but étant de recueillir un maximum de soutiens exprimés si possibles par des dispositions législatives. On verra également que la lutte entre associations arméniennes et turques passe par une stratégie d’occupation du terrain médiatique et politique : dans cette bataille, il est devenu capital de pouvoir endosser la posture de la victime, qui est devenue la posture la plus productive auprès de l’opinion .

Le contexte politique

Bien que le parti socialiste soit à l’origine des différents projets de loi, le débat transcende largement le clivage droite-gauche. En effet, on peut se rendre compte à la lecture du comte-rendu de séance qu’il y a approximativement autant d’interventions de droite et de gauche, presque toutes pour marquer le soutien au projet de loi ou pour faire barrage aux critiques. Le discours du ministre des affaires étrangères Philippe Douste-Blazy, qui n’était sûrement pas exempt d’arrières pensées diplomatico-économiques mais appelait néanmoins à la sagesse et à la pondération, a servi de point d’accroche à toutes les protestations. Notamment celles de Patrick Devedjian [5], dont le parti pris dans cette affaire est manifeste ; on devine dans ses interventions la volonté de se poser en « gardien du temple », surveillant en tant qu’arménien l’orthodoxie des débats. Jusqu’à ce que l’intervention de Marc Laffineur, Député UMP ne vienne reposer la question du risque de judiciarisation excessive entravant le travail des historiens. Il faut noter d’ailleurs que la réponse faite à M. Laffineur (« vous auriez dû participer aux manifestations de Lyon ! ») est symptomatique de la teneur des débats : on oppose le plus souvent aux arguments rationnels une réponse d’ordre émotionnelle. D’une manière générale, les arguments sont tournés contre la Turquie, soupçonnée de toutes les manoeuvres ; avec pour point culminant cette saillie de Roland Blum, député UMP, qui frise la turcophobie déclarée : « Chers collègues, nous avons résisté aux États-Unis au moment de la crise irakienne. Ce ne sont pas les Turcs qui vont nous impressionner ! (Vifs applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP, sur les bancs du groupe UDF et du groupe socialiste) ». Malgré tout, la séance s’est terminée comme on le sait sur un report sine die de l’examen de la loi, du fait de l’obstruction du président de l’Assemblée Nationale Jean-Louis Debré.

Une bataille sur le sol français

A l’origine de ce projet de loi, on peut certes soupçonner les députés engagés dans la défense du texte d’arrières pensées électorales. Mais il faut surtout y voir le résultat d’un activisme très dense de la part de différentes associations arméniennes. Petit tour d’horizon.

Plus ancienne organisation arménienne présente sur le sol français (1965), Le C.D.C.A. (Comité de Défense de la Cause Arménienne) est une structure très organisée qui a la particularité d’exister au niveau international, puisque le même travail est mené en parallèle aux USA et en Grèce sous le même nom, en Australie et aux Pays-bas sous d’autres noms. Elle est notamment à l’origine des poursuites contre Bernard Lewis (voir plus loin). On notera que le comité tente de nouer des alliances stratégiques puisqu’une rencontre a eu lieu en décembre 2005 avec des représentants du C.R.I.F. (Comité Représentatif des Institutions Juives de France), constatant qu’ « un tour d’horizon historique [6] a mis en évidence la proximité incontestable des destinées des peuples juif et arménien à travers les siècles ». Ce rapprochement doit d’après le C.D.C.A., trouver sa concrétisation lors de l’année de l’Arménie. Par ailleurs, le C.D.C.A. a entamé à quelques jours d’intervalles un rapprochement avec le C.C.A.F. (à l’occasion du renouvellement du bureau de cette dernière association, où le C.D.C.A. prend place au poste de secrétaire. De l’aveu même du C.D.C.A., le motif de cette entrée répond au « souhait [du C.C.A.F.] de placer son action dans le sens de l’union de toutes les organisations arméniennes à l’orée, notamment, d’échéances importantes pour la cause arménienne et pour la célébration de l’Année de l’Arménie en France ».

Le C.C.A.F. (Conseil de Coordination des Organisations Arméniennes de France) justement, serait dans sa constitution et son objet un équivalent arménien du C.R.I.F. Il semblerait cependant que l’interlocuteur phare reste pour l’instant le C.D.C.A. L’objet du conseil est classique : organisation de manifestations culturelles, attribution de bourses, etc. Néanmoins, le site Internet place en tête les articles qui concernent l’activité militante, à travers des articles relativement agressifs : on y critique évidemment la pétition liberté pour l’histoire, avec des arguments parfois curieux : « Mais l’Histoire n’appartient pas aux historiens. Elle appartient à ceux qui la font, elle appartient à ceux qui sont morts à cause d’elle, elle appartient au peuple et à ceux qu’il a élu pour le représenter. Que la Shoah soit qualifiée de « génocide », c’est à ceux qui l’ont subi de le revendiquer, c’est à ceux qu’ils ont élu d’en décider et à personne d’autre. Attribuer aux historiens le privilège exclusif de dire l’Histoire revient à priver tous les autres de la liberté de penser, de revendiquer et de voter. Accepter leur monopole n’aura jamais qu’un seul effet : mettre l’Histoire sous la seule juridiction d’un petit groupe que n’importe quelle puissance politique peut mettre en coupe réglée en un clin d’oeil » [7]. Outre le fait que l’auteur de l’article mélange mémoire et histoire [8], son argumentation légitime le fait que les politiques puissent décider de fixer l’histoire puisqu’élus par le peuple qui en est propriétaire. Cependant, un contre-exemple suffit à affaiblir l’idée romantique d’un peuple responsable et sage en toute circonstance : c’est le peuple allemand qui a porté démocratiquement au pouvoir un certain Adolf Hitler. L’indépendance des historiens apparaît dans ce cas moins comme un monopole que comme un garde-fou.

Pour contrer la recherche historique « négationniste », Le C.R.D.A. (Centre de Recherche sur la Diaspora Arménienne) fournit un travail historique fortement tourné vers le militantisme. Pour preuve, le centre critique violemment et ouvertement le collectif Liberté pour l’Histoire, l’accusant de révisionnisme [9]. Par ailleurs, la finalité des recherches semble être de donner les outils nécessaires pour placer le génocide arménien au mieux dans les rapports de force avec l’interlocuteur. C’est ainsi que, dans une réponse à René Rémond, accusé lui aussi de camoufler le génocide, le C.R.D.A. réussit à trouver une responsabilité à la France dans le sort des arméniens ! [10] On notera également que le C.R.D.A. procède à des échanges de publications d’articles avec le collectif DOM, déclencheur de l’affaire Pétré-Grenouilleau (voir plus loin). Sans remettre en cause la compétence des chercheurs, on semble loin néanmoins du souci d’objectivité qui devrait caractériser la recherche historique.

Dans un registre plus radical, on trouve le Collectif VAN (Vigilance Arménienne contre Négationnisme). Groupusculaire en nombre d’adhérents, le VAN est néanmoins très actif et mise tout sur la visibilité d’actions spectaculaires. Son organisation est répartie en deux cellules : Evénements et Vigilance médias. C’est notamment ce dernier qui intervient auprès des journaux et des télévisions dans la contestation des contenus (voir plus loin l’affaire de la soirée Théma d’Arte). Pour la petite histoire, des azéris reprochent à ce collectif d’avoir usurpé le nom d’un collectif, dénommé VAN lui aussi, qui avait les mêmes buts côtés azéris (information difficile à vérifier cependant).

On trouve peu de structures déclarées cherchant à se situer hors de la sphère de l’affrontement. Le C.D.A.E. (Collectif des Démocrates Arméniens d’Europe) est de celles-là. Association non-déclarée, ses animateurs prônent le dialogue et la réconciliation avec la Turquie, ce qui leur vaut d’être soupçonnés sur leur forum d’être des « turcs déguisés ». L’information est difficile à vérifier, mais on peut penser que cette opinion tient surtout au fait que des Arméniens de Turquie s’y expriment. Cependant, le manque de moyens condamne probablement cette initiative à demeurer marginale en audience face aux structures citées plus haut.

L’activisme des groupes de pression arméniens ne se fait pas dans un désert où ils auraient toute latitude. Mais il existe moins de structures militantes associatives visibles, peut-être du fait qu’une partie du discours est porté par l’Etat turc lui-même ou ses représentants ; on prendra l’exemple de l’ambassadeur de Turquie en France, qui fait d’ailleurs l’objet de poursuites en raison d’un article jugé négationniste sur le site de l’ambassade. En revanche, il existe des groupuscules, apparemment sans identification précise, qui se livrent à des agressions physiques lors de rassemblements arméniens, sur un mode comparable à celui de la L.D.J. (Ligue de Défense Juive), et avec une impunité comparable. Le travail des groupes pro-turcs s’appuie sur l’argumentation à propos du génocide, mais aussi sur une stratégie de décrédibilisation de l’adversaire. Cela passe notamment par une posture victimaire dans le dialogue : l’argument qui revient le plus souvent concerne le refus par les Arméniens d’accepter la formation d’une commission paritaire d’historiens arméniens et turcs : celle-ci, preuve de la bonne volonté d’Ankara, serait chargée de trancher le noeud gordien, et livrerait des conclusions que le gouvernement turc, à l’origine de la proposition, s’est engagé à accepter sans réserves [11]. La position turque a toujours été de considérer ce qu’ils appellent dans le meilleur des cas « les massacres » comme une conséquence directe des déplacements de populations arméniennes, dont le ralliement aux Russes rendait le maintien sur place dangereux pour les forces jeunes-turcs. L’argument supposé corroborer la thèse dit que les populations arméniennes d’Istanbul et Izmir n’ont pas, elles, été inquiétées. Au bout de l’argumentation, on retrouve la question du nombre des victimes, qui est le centre de la discussion : en effet, avec la notion d’intentionnalité préalable et la notion d’ordre donné par l’État, le nombre entre dans l’appréciation de la notion de génocide. C’est notamment ce qui fait la base des thèses de Bernard Lewis, historien britannique qui est une des cibles des poursuites judiciaires [12]. On retrouve également de façon récurrente sur les sites turcs des textes relatifs aux violences que les Arméniens ont fait subir à d’autres populations, notamment dans l’histoire récente : ainsi, le Haut-Karabagh est un des chevaux de bataille, manifestement destiné à prouver que l’Arménie s’est livrée là-bas à une épuration ethnique. Le principe n’est pas nouveau : si celui qui se dit victime de mes actes commet des actes semblables, même ultérieurement et dans un autre contexte, alors il n’est plus la blanche victime, puisqu’on est victime ad eternam ou l’on n’est pas. Par conséquent, ses griefs à mon encontre sont nuls et non avenus. Certains adversaires d’Israël ne manquent d’ailleurs pas d’utiliser les mêmes armes pour minimiser la Shoah. De sorte que le débat raisonné sur les génocides est contraint entre deux tendances antagonistes : l’interdiction de comparaison et la comparaison abusive. On se retrouve dans un système d’effets boomerang [13] pour la communauté arménienne qui, à exacerber la revendication mémorielle au-delà du champ de la raison, génère en retour une réaction négative. Celle-ci entretient alors les tendances paranoïdes des plus extrémistes, et ainsi de suite.

Parmi les relais virulents côté turc, on trouve Info-Turc, qui se présente comme Agence d’Information Européenne sur la Turquie. La volonté de sérieux voire d’objectivité affichée dans le nom rappelle dans l’intention le sérieux du C.R.D.A. (voir plus haut). Le contenu ne ressemble néanmoins pas à une "AFP turque" puisqu’il est tourné entièrement, on le voit dans l’intitulé des rubriques, vers une défense unilatérale de la Turquie sur les différents points « chauds » (Arménie, Chypre, ...).

D’apparence plus modérée, Tête de turc présente une vitrine plutôt sérieuse. On y sent moins que chez Info-Turc l’orientation défensive. Néanmoins, l’apparence de la respectabilité est une des ruses qui permet parfois d’échapper au classement d’un site parmi les sites racistes [14]. C’est sûrement ce qui explique la présence d’un chapitre entier portant sur la réconciliation. Un examen approfondi permet de constater que la rubrique « liens » trahit quelque peu cette orientation, puisqu’on y propose entre autres des liens vers des sites traitant directement du « génocide » azéri commis par les Arméniens ou encore de « la question arménienne » (d’une façon nettement moins consensuelle que sur le site)."

En contrepoint, on trouve l’association Turquie Européenne, de tendance modérée, visible sur le site du même nom. Le but est certes de défendre l’image de la Turquie contre les attaques de tous bords, notamment sur la question de l’adhésion européenne. Certes, on y reprend les textes du C.C.A.F. Pour en souligner l’exagération. Cependant, on n’y trouve aucune négation du génocide, et le site laisse la place à la contestation du traitement judiciaire par l’Etat turc des « insultes à l’identité turque ».

La liberté des historiens

Revenons à la proposition de loi : selon Séverine Garibian [15], le risque de judiciarisation du champ de la recherche du fait de lois mémorielles n’est pas avéré, puisque la loi « n’équivaut pas permission aux tribunaux d’intervenir sur la qualification d’un événement historique (...) Ce qui importe au juge dans les affaires de contestations de crimes contre l’humanité, ce n’est pas la question de savoir si ce que dit l’historien est vrai, mais celle de savoir si son travail et ses allégations révèlent une intention de nuire ou répondent au devoir d’objectivité et aux règles de bonne foi » [16]. Or, au vu de poursuites ayant eu lieu avec les précédentes lois mémorielles, on peut penser que les craintes de Marc Laffineur sont fondées et contredisent l’optimisme intéressé de Séverine Garibian. On citera le cas de l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau [17], attaqué au nom de la loi Taubira ; l’accusation de négationnisme portait sur le terme qualifiant les massacres, et non sur la réalité et l’ampleur des massacres, que l’auteur ne remet jamais en question. La guerre se passe donc bien sur le terrain du vocabulaire : certes, les mots utilisés pour qualifier tel ou tel fait sont capitaux ; néanmoins, une des caractéristiques d’un génocide portant sur l’ampleur des exactions, toute discussion sur le nombre entraîne un changement dans la désignation d’un événement. Et cela devient d’autant plus problématique quand le mot est gravé dans la loi [18]. Les collectifs arméniens l’ont bien compris, mais c’est également le cas côté turc, où la remise en question du nombre des victimes est un argument fréquemment utilisé. C’est finalement le problème des historiens qui se retrouvent pris en otage dans cette lutte pleine d’arrières pensées de part et d’autres. Les journalistes ne sont pas en reste : ils sont traqués jusque dans les expressions qu’ils choisissent : le directeur de la rédaction du Monde diplomatique, Ignacio Ramonet par exemple, a été fustigé sur le site du C.C.A.F., pour avoir osé affirmer à propos de l’adhésion de la Turquie à l’UE qu’« il faudra aussi qu’Ankara reconnaisse le génocide des Arméniens de 1915 ». Où est, selon l’accusateur du journaliste, la faute impardonnable, puisqu’il n’y a pas de négation apparente ? Premier problème, la brièveté de la phrase : « On ne se débarrassera pas de la question du négationnisme par une simple phrase ». L’auteur estime de surcroît que le « il faudra » et le « aussi » constituent une minimisation inadmissible comparable au « point de détail » de J.M Le Pen [19] ! Difficile de croire dans un contexte aussi épidermique que ces lois n’ont pas pour objectif de restreindre l’interprétation de l’histoire, puisqu’on en est déjà à brider le vocabulaire pour en parler : les apôtres du novlangue n’avaient, chez Orwell, pas d’autre intention [20]. De même, ces organisations semblent promptes à assimiler le non-traitement du thème du génocide arménien dans une émission sur la Turquie à un mensonge par omission : ce fut le cas dans la Thema d’Arte, qui traitait notamment du ralliement des arméniens aux russes durant la première guerre mondiale (sujet qui ne semble pas faire l’objet de discussion). Le collectif VAN manifestait dès le lendemain devant le siège d’Arte. Résultat obtenu : Arte a programmé une émission complète sur le génocide arménien, en compensation du préjudice subi. On voit mieux le but de ce que le collectif VAN appelle son pôle Vigilance médias.

A l’extérieur, des polarités inversées

Le débat sur le territoire français ne peut pas suffire à comprendre la situation. Le renvoi vers les deux pays, Turquie et Arménie, est d’autant plus intéressant que les structures militantes se renvoient perpétuellement l’accusation d’être à la solde de leurs gouvernements respectifs et de faire écran de fumée par des discours respectables. Cette invective est pour le moins curieuse : en effet, que vaut le soupçon d’inféodation pour des structures dont la revendication de base est le lien indissoluble avec le pays d’origine ? Cela dit, un examen rapide de la situation en Turquie et en Arménie permet de se rendre compte qu’il existe dans les deux cas un hiatus : les situations réelles des deux pays laissent apparaître des polarités en quelque sorte inversées.

Côté turc, le discours apaisant des diplomates est assez différent du discours intérieur sur le sujet du génocide arménien. En effet, à côté de l’arsenal législatif qui réprime la liberté d’expression sur le sujet des minorités en Turquie, la proposition de loi socialiste fait pâle figure : le fameux article 301, qui réprime « l’insulte à l’identité turque où que ce soit dans le monde » a les épaules larges, puisqu’il permet de condamner à peu près n’importe qui exprimant une opinion modérée. Le cas de Hrant Dink, rédacteur en chef d’Agos, premier hebdomadaire bilingue arménien-turc publié en Turquie en donne un exemple marquant : l’intellectuel a été condamné pour une phrase située en tête d’un article critiquant pourtant l’attitude de la diaspora arménienne [21]. Mais ni le rapport en sa faveur ni la défense par des intellectuels turcs tels que Baskin Oran [22] n’ont infléchi la position de la cour de cassation (on notera que Baskin Oran n’a pu publier ses arguments qu’après le verdict, au motif que l’article 288 du code pénal punit de trois ans de prison ferme toute tentative d’influer sur le travail du juge). On est donc un peu loin ici des intentions affichées par l’Etat turc dans la constitution d’une commission paritaire d’historiens travaillant sereinement. A propos de sérénité, on peut signaler également que Baskin Oran a été lui-même poursuivi, postérieurement au procès Dink, en raison des résultats de son rapport -pourtant commandé par le gouvernement- appelant à l’élargissement des droits des minorités en Turquie. Bien qu’il existe des exemples contraires qui prouvent que les choses bougent en Turquie (annulation des poursuites contre Orhan Pamuk), la situation reste encore tendue à ce jour.

Du côté arménien, la solidarité affichée en France avec la communauté juive tranche avec le positionnement intérieur du gouvernement arménien. Il semblerait que le pays ait connu un certain nombre d’incidents antisémites qui n’ont été assortis d’aucune condamnation officielle du gouvernement arménien. Malgré la difficulté à trouver des chiffres précis en dehors des sites pro-turcs, il existe tout de même des faits avérés, tels que la profanation du monument d’Erevan rendant hommage à l’holocauste. Sur le plan international, l’Arménie fait partie des pays qui ont refusé de se joindre à la comdamnation des propos du président Mahmoud Ahmadinejad, se retranchant derrière un refus d ’évaluer la question : l’Iran est un pays avec lequel Erevan entretient des relations bilatérales, point. Si cela ne suffit pas à classer l’Arménie dans la liste des « ennemis d’Israël », on peut néanmoins penser que la solidarité intercommunautaire sur le sol français ne correspond à aucune réalité sur place (la communauté juive en Arménie représentant 1000 personnes en tout).

Le combat pour la mémoire : à quelle fin ?

En définitive, on a du mal à croire que le moteur de ce lobbying intense de part et d’autre se résume à une question de principe sur l’histoire. Sans être exagérément suspicieux, on peut supposer qu’il y a pour l’Arménie une recherche de respectabilité pour un Etat placé sous blocus économique depuis le conflit du Haut-Karabagh, pour lequel aucune solution réelle n’est pour l’instant trouvée. La donne n’est pas tout à fait la même pour la Turquie du fait de sa position défensive face aux attaques (ce qui ne veut pas dire qu’elle est victime, mais que sa position objective facilite ce positionnement victimaire). Mais les velleités d’adhésion à l’UE obligent la diplomatie turque à faire des propositions et à donner des gages, tout en essayant de contourner la reconnaissance immédiate du génocide arménien, que l’U.E. pose comme un préalable. Le tout sans contrarier un équilibre politique fragile à l’intérieur du pays. De sorte que le discours des représentants en France semble tenir du grand écart pour rendre cohérents le discours tenu sur le sol français et la situation intérieure des pays. Face à la complexité du problème, on est en droit de se demander quelle est l’urgence pour la France de se positionner aussi radicalement. Une position officielle de l’Etat, que la loi de 2001 résumait clairement, aurait paru pour le coup amplement suffisante, sans qu’il soit besoin de recourir à la pénalisation. En cherchant à mettre les communautés arméniennes, juives et afro-antillaises à égalité, cette initiative ne fait probablement que favoriser à l’intérieur des communautés arméniennes et turques le durcissement du ciment identitaire que constitue la mémoire du génocide (ou la contestation de celui-ci), en relançant de plus la concurrence sans fin entre les mémoires. Au-delà de l’histoire, première perdante de ces épisodes parlementaires, c’est la République en tant qu’entité laïque qui perd un peu plus de terrain.

 
Post Scriptum :

Précision de l’auteur au 13/08/2007 sur l’accueil et l’utilisation de l’article :

Sur l’accueil de l’article : étant donné l’asymétrie de l’accueil (enthousiasme sur les sites pro-turcs, attaques frontale de la part de sites pro-arméniens), il me semble important de relativiser l’enthousiasme des uns autant que le fiel des autres. En effet, les critiques que je formule vis-à-vis du lobby pro-arménien ne valent que comme critique de leur action dans le cadre d’une loi mémorielle, critiquée en tant que telle, au même titre que les lois Gayssot, Taubira et consorts. A aucun moment je ne m’exprime, faute de compétences adéquates, sur un plan historique : mes critiques ne valent donc aucunement approbation de la critique du génocide en lui-même, ni même sympathie pour les uns ou les autres.

Sur l’utilisation : divers sites, arméniens et turcs, ont repris l’article sans que cela ne pose problème. Plus contrariant, j’ai constaté qu’une publication en ligne dénommée /Arménichantage/, à vocation révisionniste autoproclamée a cru bon dans sa livraison de mars 2007 de l’inclure dans un digest pour le moins indigeste. Ce qui amène la précision suivante : je récuse toute utilisation de mon article par tout mouvement révisionniste. Je ne peux en aucune manière et à aucun degré me reconnaître dans ceux qui, par leurs combats douteux et malhonnêtes, font croire au plus grand nombre que des lois mémorielles sont nécessaires pour les contrer.

[1] La loi Gayssot est en réalité un amendement modificatif de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse

[2] C’est un point qui prête encore à discussion.

[3] « L’histoire n’est pas l’esclave de l’actualité », in la pétition Liberté pour l’histoire

[4] Ce terme est employé ici pour reprendre l’appellation des partisans de cette théorie. Ce sujet n’est mentionné qu’à titre comparatif ; on évitera donc de se pencher ici sur la validité de la thèse de la « nouvelle judéophobie »

[5] Patrick Devedjian, avocat et ancien ministre, arménien d’origine, soutient activement l’Arménie puisqu’il fut notamment l’avocat de l’ASALA, mouvement terroriste arménien. On peut se poser des questions quant à la rigueur de son positionnement face au négationnisme : le groupe Occident, dont il a fait partie dans ses jeunes années, se revendiquait de Brasillach et dénonçait notamment « la fable des 6 millions de morts » (source : Association Internationales de Recherches sur les Crimes contre l’Humanité). L’ancien ministre défendait ainsi son appartenance au groupe « C’était à l’époque une façon pour moi de me sentir français. J’étais anticommuniste et, finalement, je n’ai pas changé ». Il serait intéressant qu’il explique dans quelle mesure sa position sur le négationnisme a évoluée.

[6] L’expression « tour d’horizon historique » aurait, j’imagine, de quoi laisser perplexe plus d’un historien.

[7] Source : Les historiens français ou la liberté de condamner par René Dzagoyan

[8] « L’histoire n’est pas la mémoire. L’historien, dans une démarche scientifique, recueille les souvenirs des hommes, les compare entre eux, les confronte aux documents, aux objets, aux traces, et établit les faits. L’histoire tient compte de la mémoire, elle ne s’y réduit pas ». (Extrait de la pétition Liberté pour l’histoire)

[9] Source C.C.A.F. : http://www.ccaf.info/item.php ?r=2&id=169

[10] Source C.C.A.F. : http://www.ccaf.info/item.php ?r=2&id=169

[11] Déclaration officielle de la Turquie : « La Grande Assemblée Nationale de Turquie est convaincue qu’il est dans l’intérêt aussi bien de la Turquie que de l’Arménie de réconcilier les peuples turc et arménien, qui durant des siècles ont vécu en paix dans un climat de tolérance réciproque, de les libérer de leurs préjugés profonds causés par les années de guerre et de créer un environnement leur permettant de partager un avenir commun fondé sur l’indulgence, l’amitié et la coopération. Dans cet esprit, le parti au pouvoir et les principaux partis d’opposition ont fait une proposition conjointe visant à faire la lumière sur les vérités historiques par un travail scientifique afin de libérer ces deux nations du poids du passé. Cette proposition prévoit qu’une commission mixte composée d’historiens turcs et arméniens soit créée, que les archives nationales des deux pays soient ouvertes sans aucune restriction pour les recherches, que les résultats de ces recherches qui seront également menées au sein des archives des autres pays concernés soient soumises à l’opinion publique mondiale et que les modalités de création et de fonctionnement de ladite commission soient fixées par les deux pays. La Grande Assemblée Nationale de Turquie adopte et soutient entièrement cette proposition à caractère historique. »

[12] Bernard Lewis a été condamné le 21 juin 1995 par le TGI de Paris à la suite de deux interviews dans Le Monde, suite à la plainte du F.A.A.F (Forum des Associations Arméniennes de France). Compte-rendu du jugement sur http://www.voltairenet.org/article14133.html. On notera que cet historien est reconnu par la communauté juive alors qu’il est honni par les arméniens ; ce qui tendrait à montrer s’il était besoin que les alliances inter-communautaires sont sur le terrain du lobbying souvent changeantes selon le sujet et les circonstances. On notera également que la condamnation, à l’inverse d’un Faurisson, concerne seulement les articles de presse incriminés et non ses travaux historiques en eux-même.

[13] Voir pour l’effet boomerang l’article de Baskin Oran (source C.D.A.E. lien : www.armeniens.net/article225.html) ou encore le livre de Jean Robin « La judéomanie ».

[14] Pour les méthodes de classement des sites par la commission nationale consultative des droits de l’homme, voir lien : http://www.commission-droits-homme.fr/travauxCncdh/InternetRaciste.html.

[15] Séverine Garibian est juriste, doctorante en droit public à Paris X.

[16] Source : Le Monde, 13 mai 2006

[17] Historien auteur du livre Les traites négrières, attaqué en justice par le collectif Dom pour propos révisionnistes. O.P.G. avait discuté la notion de génocide concernant la traite négrière, sans remettre aucunement en question la réalité des massacres. Le collectif a finalement retiré sa plainte, mais les attaques continuent sur plusieurs sites internet.

[18] Si le nombre des victimes du mur de Berlin, par exemple, était protégée par la loi au nom du respect de la mémoire, comment les historiens allemands auraient-il pu défendre sans être poursuivis les résultats de leurs travaux, qui divise le nombre des victimes par deux sans qu’il soit question de discuter la réalité de la répression est-allemande.

[19] Source : http://www.ccaf.info/item.php ?r=7&id=137

[20] On pourra se reporter sur ce sujet à l’analyse de Jean Robin, auteur de La judéomanie. L’auteur analyse comment on réussit à travers le vocabulaire employé pour désigner les faits, à rendre le débat stérile ou tout au moins à restreindre son champ.

[21] Lien : http://www.turquieeuropeenne.org/article1389.html et http://turquieeuropeenne.org/article1417.html

[22] Baskin Oran est professeur de Relations internationales à la faculté de sciences politiques de l’université d’Ankara.

Messages de forum :
> Qui veut pénaliser la négation du génocide arménien et qui s’y oppose ?
vendredi 13 octobre 2006
par  furgole

Faut-il criminaliser la négation du génocide arménien. A cet égard, on peut se demander si France ne ferait pas bien de balayer devant sa porte.

La révolution française est probablement la créatrice du génocide moderne, qu’elle a inauguré dans des circonstances qu’elle n’a même plus à à nier car plus personne n’en parle. Quand les paysans d’Anjou, de Mayenne et de Vendée, et de bien d’autres lieux de France se soulevèrent au début de 1793, sans doute un peu parce qu’on avait tué le roi, mais aussi parce que l’on pourchassait leurs prêtres qui refusaient de prêter serment, et surtout que l’on enlevait aux travaux des champs leurs fils appelés à faire une guerre que les Girondins avaient suscitée pour des raisons de politique interne et qui allait durer 23 ans, ils allèrent chercher dans leurs manoirs les quelques nobles qui n’avaient pas encore émigré et les mirent quasiment de force à la tête de leurs misérables troupes. Suivit une guérilla cruelle, avec des actes de bravoure et d’horreur des deux côtés. Mais là où le pouvoir jacobin innova et apporta du neuf à l’histoire contemporaine, c’est dans ses techniques de répression. Non content de fusiller les combattants, la Convention institua, de Paris, une politique "moderne" de pacification : colonnes infernales de Thurreau, enfants mis vivants aux fours, tanneries de peau humaine, sabrades individuelles et collectives. Résultat : des centaines de milliers de morts.

La France donnait ainsi au monde une leçon de progressisme révolutionnaire qu’il n’allait pas oublier. C’est sans doute pourquoi, tous les totalitarismes de gauche, de Staline aux Khmers rouges, ont vu en eux un exemple.

Mais la France, elle, a vite su oublier qu’elle est la mère des charniers modernes. Parlez à un enfant de l’école publique de la Vendée, et contemplez son grand regard blanc et absent. Et pourtant, le nom de Thurreau est toujours en grandes lettres sur l’arc de triomphe.

Il a fallu un miracle pour que paraisse aux Presses Universitaires de France en en 1986 l’excellent livre de Reynald Secher, "le génocide franco-français, la Vendée-Vengé", produit d’une remarquable et courageuse thèse de doctorat.

Ce livre étonnant est réédité cette année par Perrin, mais qui en parle ? La conjuration du silence fait à nouveau son office.

Car si elle promeut bien au loin le devoir de mémoire, la France oublie de scruter son propre passé.



    > Qui veut pénaliser la négation du génocide arménien et qui s’y oppose ?
    mardi 10 avril 2007
    Bravo M. Pierre-Jérôme Adjedj merci de nous soutenir, le génocide arménien est un mensonge international qui vise à détruire la Turquie. Le lobby arménien est puissant et bien integré dans toute la société française. Il faut resister, merci de faire partie de cette résistance.

    Guzel
      Merci, mais attention...
      mardi 10 avril 2007
      par  Pierre-Jérôme Adjedj

      Pas de confusion : mon article ne dit en rien que le génocide arménien est un mensonge international. Je ne suis absolument pas qualifié pour en juger, et je laisse ça aux historiens. En revanche, je m’oppose à toutes les démarches qui visent à utiliser la mémoire comme une arme. Je ne sais pas si le lobby arménien en France a pour but la destructon de la Turquie (ça me semble peu probable). En revanche, les actions menées visent à monopoliser la parole sur le sujet des massacres (qui ont eu lieu c’est en revanche indiscutable), et à interdire tout débat raisonné voire contradictoire. La réaction du collectif Van à mon encontre le prouve, bien qu’ils n’aient pas trouvés d’arguments consistants pour contrer mon article.

      Sachez enfin que par ailleurs, je ne suis pas dupe non plus des manoeuvres d’organismes pro-turcs. Simplement, ma recherche m’a amené à constater qu’elle était en France moins efficace que celles des organisations arméniennes.

      Pour conclure, je me positionne donc contre toute tentative d’où qu’elle vienne pour empêcher l’émergence d’un dialogue bilatéral, comme par exemple ce projet de commission paritaire d’historien tué dans l’oeuf.